Libéré fin septembre après trois ans de prison pour détournement de fonds publics, l’ex-ministre Magloire Ngambia reste accusé de corruption passive au bénéfice de l’entrepreneur italien Guido Santullo. En Suisse, le parquet fédéral a gelé 65 millions de francs sur les comptes du magnat décédé du BTP, rapporte Africa Intelligence.
La libération très médiatisée, le 24 septembre, de l’ancien ministre de l’économie Magloire Ngambia est loin d’être le dernier acte de l’enquête fleuve sur les marchés gabonais de l’entreprise Sericom de Guido Santullo, décédé en 2018. Depuis plusieurs mois, la justice gabonaise, qui reste saisie du volet « corruption passive » de l’enquête, transmet des éléments sur ce dossier au ministère public de la confédération suisse. Ce dernier suit l’affaire depuis 2019 après une plainte du Gabon contre Guido Santullo déposée à Genève un an plus tôt.
La Suisse a gelé près de 30 comptes appartenant à Santullo et sa famille, pour une somme totalisant 65 millions de francs (60,2 millions d’euros). Les enquêteurs sont sur le point de boucler leur analyse des mouvements sur ces comptes, enrichie des éléments apportés par le Gabon via une commission rogatoire. Karen Santullo, la veuve du magnat du BTP, et les quatre enfants du couple ont tenté de faire lever les séquestres placés sur les comptes, mais leur demande a été rejetée. Le dossier suscite un certain émoi dans la petite communauté bancaire suisse.
Dès 2017, soit un an avant le dépôt de la plainte du Gabon par le cabinet Bonnant & Associés de l’ancien bâtonnier de Genève Marc Bonnant, une banque helvète avait déjà fait un signalement au Bureau suisse de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS) sur l’un des comptes de l’entrepreneur. Après la plainte du Gabon, d’autres établissements ont fait de même, les comptes signalés, puis séquestrés, venant grossir le montant des fonds de l’entrepreneur gelés par le parquet fédéral.