Habitué à rencontrer le président camerounais très régulièrement, l’ambassadeur de France à Yaoundé est très visiblement mis à distance par le patriarche. Voici
pourquoi.
L’ambassadeur de France au Cameroun depuis 2019, Christophe Guilhou, attend avec impatience la cérémonie des vœux de la nouvelle année au palais d’Etoudi début janvier afin de reparler au président Paul Biya. Objectif du diplomate : jauger de l’opportunité de faire une demande officielle d’audience dans un climat difficile. Les deux hommes se sont entretenus pour la dernière fois le 5 juin, soit il y a déjà plus de six mois.
Ce laps de temps sans entrevue entre le président et l’ambassadeur de France est particulièrement rare et ne peut en aucun cas s’expliquer exclusivement par la pandémie de Covid-19, ni par l’état de santé du dirigeant camerounais.
Un ton paternaliste
La tension avec l’ancienne puissance tutélaire est bien présente : Paul Biya, tout comme une partie du gouvernement, est mécontent de la France et le fait savoir. L’interview donnée début novembre par le président français Emmanuel Macron à Jeune Afrique n’est que le dernier épisode ayant contribué à mettre à mal la relation.
Le ton du chef de l’État français pour évoquer la crise des provinces anglophones du « NO/SO » a été perçu comme particulièrement paternaliste et donneur de leçons. Cela d’autant plus que Macron revient dans l’entretien sur le nécessaire « renouvellement », allusion au fait que Biya devrait penser à sa succession alors qu’il aura 88 ans en février, et bientôt quarante ans de pouvoir sans partage. Déjà, lors du dernier salon de l’agriculture organisé à Paris en février 2020, la réponse de Macron, interpellé par un opposant camerounais sur le dossier du « NO/SO », avait choqué le chef de l’État camerounais.
Le leader français avait fait valoir qu’il allait appeler son homologue pour lui mettre « un maximum de pression ». Au-delà de plusieurs échanges téléphoniques, les deux dirigeants ne se sont vus qu’à une seule reprise, à Lyon en octobre 2019.